Lac Baïkal Logo
culture
Sommaire

Enfants du pays

Grigori Chelikhov (1749 - 1795), négociant, explorateur, navigateur

Le nom d'Irkoutsk, ville lointaine, était au dix-huitième siècle sur les lèvres de tous les palatins, des diplomates, des gens d'Etat de l'Europe et de l'Asie et de l'Impératrice elle-même. Grigori Ivanovitch Chelikhov, négociant à Irkoutsk, après avoir construit en 1776 le navire "Saint Pavel", entama un voyage à destination des îles Aléoutiennes. Sa première expédition dura 4 ans. Chelikhov et ses compagnons rejoignirent les côtes de leur pays natal avec de riches chargements. Les expéditions succédèrent les unes aux autres. Chelikhov lui-même ne s'accordait ni répit ni repos. Les bateaux qu'il avait construits de ses mains, sillonnaient les eaux glaciales du Pacifique nord. Les capitaines audacieux ne se bornaient pas à faire du commerce : ils étudiaient également les courants des mers ainsi que les vents, les golfes et les baies, la faune et la flore des ôles. De nouvelles terres furent découvertes et pour la première fois une carte fut dressée des Iles Aléoutiennes.

Grigori Chelikhov fut l'un des fondateurs de la Compagnie Russo-américaine, société commerciale créée en Russie pour favoriser le commerce dans les territoires russes de l'Amérique (pendant la seconde moitié du XIXe s. la Russie possédait l'Alaska, les îles Aléoutiennes et le littoral nord-ouest de l'Amérique du Nord jusqu'à 5440° de latitude nord). Le nom de Grigori Chelikhov a été donné à l'une des baies de la mer d'Okhotsk et a un détroit entre l'Alaska et l'île Kodiak ou il avait fondé, en 1784, les premières colonies russes. Une ville proche d'Irkoutsk porte également son nom.

Bazanoff Ivan (? - 1883), négociant, grand mécène

Bazanoff Ivan Ivanovitch fut un riche propriétaire de mines d'or, mais aussi un conseiller d'Etat et un mécène. Il fit des dons considérables pour la construction de l'école normale primaire d'Irkoutsk, du théâtre en bois dans la Grand'rue (aujourd'hui Karl Marx) et du bâtiment de l'hôpital des enfants. Ce fut lui qui construisit l'Orphelinat de Bazanoff.

L'orphelinat de Bazanoff accueillait les enfants de moins de 1 an, dans la majorité des cas des enfants abandonnés, parfois en raison de la pauvreté de leurs parents. On les élevait et on les plaçait chez des gens de confiance. L'orphélinat surveillait ses élèves jusqu'à l'âge de 8 ans. S'ils n'étaient pas adoptés ils pouvaient revenir à tout moment pour entrer plus tard à l'école artisanale.

L'orphelinat accueillait des nourrissons souvent faibles et malades. " Il n'est pas difficile d'imaginer dans quel état arrive au poste de police un enfant, enveloppé de loques, à peine couvert et par un froid à pierre fendre ou un jour d'averses... ". Les premières années de son existence, l'orphelinat de Basanof accueillait près de 200 enfants par an. Dans les années 1910, ce nombre fut multiplié par 5. A la mort de Basanof, fondateur de l'orphelinat, ses proches - sa belle fille et petite fille - continuèrent l'oeuvre d'Ivan Ivanovitch. En 1893, elles y investirent la somme de 507000 roubles dont une part fut dépensée pour la construction d'une maternité. Celle-ci était à la disposition des femmes de familles pauvres, l'accueil se faisait gracieusement, 24 heures sur 24.

Yadrintseff Nicolaï (1842 - 1894), savant, explorateur, écrivain

Né à Omsk le 18 octobre 1842 dans la famille d'un négociant, il partit à Saint Petersbourg alors qu'il était encore tout jeune et devint auditeur bénévole à la séction des sciences naturelles de l'université. De retour en Sibérie il s'activa à faire connaître la nécessité de réorganiser cette région. Il fut immédiatement soupçonné d'" intentions de séparer la Sibérie de la Russie " et exilé dans la région d'Arkhanguelsk. Après avoir purgé son temps d'exil, il revint en Sibérie en 1876. Pendant plus de 20 ans il fut rédacteur en chef du journal " La Revue Orientale " à Irkoutsk. Son principal ouvrage historique est " La Sibérie en tant que colonie ". Etudiant les litteratures traitant de l'Asie il fut convaincu que le tombeau de Gengis Khan devait se trouver dans l'Ile d'Olkhon. Au printemps de 1889, Nikolai Yadrintseff équipa une caravane à Khakhta (ville à la frontière de la Mongolie) et partit à la recherche de la célèbre Karakorum, ce qu'il réussit à faire. La découverte de N. Yadrintseff attira l'attention du monde scientifique et plus personne ne put contester par la suite que la Mongolie ancienne n'ait construit de maisons en pierre.

Sibiryakoff Alexandre (1849 - 1933), négociant, explorateur, mécène

L'histoire d'Irkoutsk compte deux navigateurs illustres, deux explorateurs dont la raison d'être de toute leur vie fut le tracé de nouvelles voies maritimes. Ce furent Grigori Chelikhov et Alexandre Sibiryakoff. Ce dernier appartenait à une vielle lignée de négociants, lui-même riche propriétaire de mines d'or, citoyen honoraire d'Irkoutsk, propriétaire de navires en Russie d'Asie. Hormis ses richesses, il était réputé pour ses activités sociales. Il fut l'organisateur et le participant d'expéditions polaires dans les régions des estuaires des fleuves de Sibérie, dans le but d'établir des liaisons commerciales entre la Sibérie et l'Europe. Alexandre Sibiryakoff fut un grand mécène qui assura le développement économique et culturel d'Irkoutsk, par ses subsides qui permirent la construction du bâtiment du théâtre de la ville. Il offrit également une aide financière à l'Université de Tomsk. Sibiryakoff s'interessait à l'histoire et à la littérature de la Sibérie, il fut également l'auteur de plusieurs articles et livres en russe ainsi qu'en langues étrangères. Enfin, le nom de Sibiryakoff fut donné à une île de la mer de Karsk et à un brise-glace russe de la flotte arctique (1903).

Gombojab Tsybikoff (1873 - 1930), ethnographe, linguiste

Le grand voyageur russe, géographe, explorateur de l'Asie centrale Nikolai M. Prjévalski n'a pas eu la chance de pénétrer dans la capitale du Tibet, la ville interdite de Lhassa.

Un voyageur plus chanceux y parvint : le fils glorieux du peuple bouriate, originaire des steppes de l'Aga, Gombojab Tsebekovitch Tsybikoff, non seulement put pénétrer dans les sanctuaires interdits des bouddhistes, mais il étudia aussi de façon minutieuse le mode de vie des Tibétains, les fondements de leur vision de monde et le système de leur religion. Il prit connaissance des oeuvres écrites fondamentales d'illustres tibétains, philosophes et théologiens.

Tstybikoff, déguisé en pélerin bouddhiste, fut le premier de nos compatriotes qui réussit à voir et à étudier les objets sacrés du Tibet. Plus tard en travaillant à l'Institut Oriental de Vladivostok il mit en place une étude systématique du tibétain et du mongol mais organisa aussi l'une des meilleures chaires de Russie en tibétologie.

De son vivant, Tstybikoff publia plus de 30 ouvrages scientifiques, mais l'oeuvre principale de sa vie reste le livre magnifique intitule " Un Bouddhiste pélerin près des lieux sacrés du Tibet " qu'il publia, après l'avoir minutieusement et amoureusement fignolé, dans la ville de Pétrograd assiégée par les bandits de Youdenitche, en 1919. Cet ouvrage l'immortalisa pour la Science.

Tsyben Jamtsarano (1880 - 1937), savant, homme politique

La contribution de cet homme, grand savant et homme politique, à la science et à l'enseignement en Mongolie, est immense. Originaire des steppes baïkaliennes, Ts. Jamtsarano termina en 1901 l'école normale primaire d'Irkoutsk. Il continua sa formation à la section Orientale de l'Université de Saint Pétersbourg. Jusqu'en 1911, il développa une activité scientifique en s'intéressant aux folklores bouriate et mongol ; il partit en expédition en Transbaïkalie et en Mongolie. Il réunit un matériel si abondant que les archives de ce scientifique continuent aujourd'hui encore à nous apprendre des choses extraordinaires.

En 1912, Jamtsarano ouvrit et dirigea en Mongolie, deux écoles primaires : une école du gouvernement mongol auprès du Ministère des Affaires Etrangères et une école russo-mongole auprès du Consulat russe. De 1912 à 1917 il servit comme drogman supérieur auprès du Ministère des affaires étrangères de Mongolie et réalisa un immense travail dans le domaine de l'enseignement.

Lors de la révolution d'Octobre, Jamtsarano retourna en Bouriatie et prit une part active au développement de la vie culturelle et de l'autonomie bouriate. En 1918 il déménagea à Irkoutsk et participa au travail d'organisation et d'inauguration de l'Université d'Irkoutsk et de la Faculté Orientale où s'enseignent le mongol, le chinois, le japonais, le tibétain, l'histoire de l'Orient, et qui forme des orientalistes et des diplomates.

Afanassi Béloborodov (1903 - 1993), héros de l'Union Soviétique

Afanassi Béloborodov est né à Akino, village proche d"Irkoutsk, dans une famille de paysans. En 1919, âgé de 16 ans, il s'engage dans un détachement de partisans qui combattit les bandes contre-révolutionnaires. Apres la guerre civile, Beloborodov est resté dans l'armée rouge.

Au cours de la guerre nationale de 41 - 45, Béloborodov prit part à de nombreuses batailles décisives, celle de Moscou, de Stalingrad, de Konigsberg, etc. En 1944, on lui décerna une première fois le titre de Héros de l'Union Soviétique et une deuxième fois en 1945. Après la guerre Béloborodov occupa plusieurs postes de commandement.

A Irkoutsk on peut admirer un buste du général Afanassi Béloborodov. Il existait une loi autrefois en URSS selon laquelle un buste devait être érigé, dans son pays natal, à toute personne qui s'était vue décerner deux fois le titre de Héros de l'Union Soviétique ou de Héros du Travail socialiste.

Synthèse et traduction par © Pavel Ageychenko
A lire aussi :