Lac Baïkal Logo
culture
Sommaire

Jeux Olympiques bouriates

Chaque année, au début de l'été, se commémore la fête nationale bouriate « Sour-Kharbane ». L'appélation de la fête, traduite du bouriate, signifie le tir au « sour », ou la butte en cuir. C'est une des plus anciennes fêtes bouriates. On la mentionne pour la première fois dans les carnets des premiers explorateurs de Sibérie comme étant une compétition alliant force, adresse et aptitude à bien viser. A l'époque, le Sour-Kharbane était l'une des fêtes les plus importantes et trouvait son origine dans la vénération des esprits-hôtes d'une territoir. Après avoir procédé au rite des offrandes à l'esprit-hôte du lieu afin de se concilier sa bienveillance pour sa famille et soi-même, les participants se dirigeaient vers la montagne sacrée afin que son hôte et toute la nature « eprouve joie et jubilation » et ainsi la fête pouvait commencer. Celle-ci se composait de trois epreuves reservees aux hommes : le tir a l'arc (le Sour-Kharbane lui-meme), la lutte et l'hippisme. Apres le concours on jouait, chantait, dansait le « Yekhor ». Pendant la fête les gens, élégamment vêtus, tenaient leur place en fonction de leur âge : les vieillards étaient installés honorablement, les jeunes se baladaient, les petits jouaient.

Traditionnellement la fête débutait par le concours de tir à l'arc. Chaque famille possédait son « sour », un petit piquet muni d'une butte en cuir à son extrémité. On plantait ce genre de cible en ligne et leur nombre dépendait du nombre de familles participantes. Gagnait celui qui atteignait la cible de la plus grande distance. Les buttes chez les Bouriates étaient en forme de cylindre de cuir ou parfois de feutre bourré de paille. Elles avaient 20 centimètres de diamètre pour 5 à 7 centimètres d'épaisseur.

La lutte succédait au tir, concours qui débutait par la danse de deux vieillards tournant sur place en simulant une lutte. Ensuite commençait la véritable épreuve. D'abord, un des lutteurs s'asseyait et attendait son rival. Ensuite, ils s'approchaient lentement l'un de l'autre et tournaient sur place en touchant la terre de l'une et de l'autre main. Enfin, ils s'attiraient des mains comme pour tester leurs forces. Un lutteur attrape de sa main droite la main gauche de son rival et la lance à toute volée puis, de sa main gauche il faisait de même de la main droite de son adversaire. Ceci était répété de 4 à 6 fois. Une fois le rite terminé la lutte commençait réellement. Le lutteur tâchait de mettre son adversaire au sol, il était aussitôt considéré comme vaincu qu'il touchait le sol du genou ou de la main. Après un premier tour suivait un deuxième et ainsi de suite jusqu'au dernier gagnant.

L'hippisme était la partie la plus populaire du Sour-Kharbane. Les vieillards s'installaient en rond, on les régalait et on leur présentait les chevaux. Puis on amenait ceux-ci sur la ligne de départ, les jeunes se rendaient à la ligne d'arrivée. Le gagnant contournait par trois fois le cercle vénérable. Son cheval était honoré par un hymne. Pour ce faire, l'artiste montait ce cheval pour l'y chanter.

La participation à cette fête donnait une chance aux sportifs de faire carrière. La victoire était très préstigieuse et les champions considérés comme des héros nationaux.

Le Sour-Kharbane contemporain est une fête annuelle célébrée en Bouriatie et dans la région autonome de la Bouriatie (à l'ouest du lac). Il se distingue certainement des anciens jeux bouriates qui avaient un fondement religieux et qui jouaient un rôle important dans la vie des nomades. Aujourd'hui il s'agit plutôt d'une fête culturelle regroupant les traditions du peuple bouriate, divers concours sportifs, concours de beauté et... les concerts des stars en vogue de la pop-music.

Malgré tout, le Sour-Kharbane ne perdit pas son image d'origine de démonstration de force et d'adresse des différentes familles bouriates ; une démonstration somme toute, en hommage à la valeur de la population bouriate.

Synthèse et traduction par © Pavel Ageychenko
A lire aussi :