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L'exil et les travaux forcés en Sibérie

On trouve les premières mentions d'exil en Sibérie dans le statut militaire de l'armée de Gengis Khan, au XIIe siècle. Deux types de punitions étaient alors d'application : l'exécution et l'exil en Sibérie. Durant des siècles, l'austère pays de Sibérie fut l'image du bagne pour le monde entier. A la fin du XIXe siècle la population était constituée pour moitié d'exilés. A Irkoutsk comme ailleurs vivaient toutes sortes d'exilés : les décembristes, les insurgés polonais, les membres de différents partis et d'autres individus éloignés par le gouvernement. Leur influence fut très marquante pour le développement culturel de la ville et sa transformation en centre culturel et spirituel de la Sibérie Orientale.

L’histoire de l’exil en Sibérie

Après la longue et fastidieuse conquête du territoire de la Sibérie par la Russie, celle-ci devient le principal lieu d’exil et le bagne du pays. On y exile les criminels les plus dangereux. La plupart des exilés sont des participants aux révoltes populaires, certains rebelles qui s'insurgent contre le droit de servitude ainsi que certains haut représentants gouvernementaux corrompus. Le gouvernement considérait l’exil des criminels politiques ou de droit commun, comme un moyen de punir et de corriger les crimminels mais aussi comme une opportunité de peupler ces lointaines régions. Au 19ème sciècle l’exil et le bagne en Sibérie deviennent monnaie courante. En 1898 la région compte déjà 310 000 exilés de toutes sortes. Selon les projets du gouvernement les exilés doivent être une sources importantes de population pour augmenter le peuplement de la région. Le travail des exilés a d'ailleurs largement été utilisé dans la production industrielle. Cependant leur travail était peu efficace, les mécaniques néssécensaires à la création d'infrastructures demandant de grosses dépenses.

Les bagnards exilés en Sibérie. Tournage du filme Serko, 2005
Les bagnards exilés en Sibérie. Tournage du filme Serko, 2005

Les Polonais en Sibérie

A la fin du 16ème, début du 17ème sciècle, des détenus des guerre russo-polonaises ont commencé à être exiler en Sibérie. La population polonaise éxilée en Sibérie a atteind le nombre de 15000. Plus tard, dans les années 1760, un exil massif des adversaires politiques au régime tsariste en Pologne a eu lieu. Tous ont été exilés en Sibérie Occidentale ou encore plus loin à l’est dans la province d’Irkoutsk.

En 1794 on a exilé en Sibérie Orientale les participants de révolte pour la libération nationale de la pologne, sous la conduite de Tadeusz Kościuszko (1). La cause cette révolte était l’adoptation, par la République des Deux Nations, d’une réforme en 1791 qui arrêtait le fonctionnement de l’Union de Lublin. L’Union de Lublin avait uni le Royaume de Pologne et le Grand-Duché de Lituanie pour n'en faire qu'un seul en 1569 : la République des Deux Nations. Tadeusz Kościuszko et ses partisants ont organisé un soulèvement afin de ne pas faire passer la réforme et de restaurer l’intégrité de l’Etat, mais leur révolte a été brutalement stopée. Le territoire de la Pologne fut ensuite divisé entre la Russie, la Prusse et l’Autriche. La Pologne disparu donc de la carte de européenne pour un moment. On ne possède pas de données sur le nombre exact de participants à révolte, exilés en Sibérie, mais il est d’usage de croire qu’il y en avait quelques milliers.

La deuxième vague, de colons polonais éxilés, date des années 1830-1870, où plusieurs participants, aux deux grands soulèvements de la libération nationale contre la domination de la Russie impériale en Pologne, en Lituanie, en Biélarussie et Ukraine (la rive droite). On compte parmi les descendants de ces exilés le compositeur Dimitri Chostakovitch et l’écrivain Alexandre Grine.

Parmi les Polonais exilés, il y avait beaucoup de savants et de gens talentueux et érudits de sciences. Même en exil, ils étudiaient la nature sibérienne, sa richesse et ses particularités climatiques. C'est d'ailleurs grâce aux ouvrages scientifiques de ses amis et compatriotes, qu'Ian Cherski est devenu un célèbre explorateur de la région. Les savants polonais, exilés en Sibérie, A.L.Chékanovski et V.I.Dibovski dont les noms sont inscrits pour toujours dans l’histoire de la région, ont contribué à "la découverte" et l'exploration de la Sibérie.

L’église polonaise est un des souvenirs de la présence des Polonais à Irkoutsk. C’est une église catholique de style néo-gothique reconstruite en 1884 après un grand incendie qui eut lieu dans la ville. C’est en 1825 que fut construite l’église originale, elle était en bois et fut bénie lors de l’Assomption, pour la paroisse catholique qui rassemblait 1400 fidèles. C'est en décembre 1825, le jour de la fête de l'Immaculée Conception, que le premier office fut organisé. Aujourd'hui cette église héberge la salle philarmonique de l'état d'Irkoutsk où l'on peut admirer un orgue datant de l'époque de la reconstruction de l'Eglise.

Un nombre incalculable des Polonais arrivèrent en Sibérie jusque dans les années 1950. Parmi eux, il y avait des participants aux nombreux soulèvements Polonais, les membres de divers mouvements, organisations prolétaires et socialistes, des groupes clandestins "pour la libération" du pays etc... Selon le recensement de 1920, il y avait 57000 Polonais en Sibérie. Ils ne sont pas seulement intégerés à la Sibérie Orientale, mais ont aussi laissé leurs empreintes dans l’histoire des villes sibériennes en contribuant au développement des sciences, de la culture et de l’éducation. La "diaspora" polonaise a joué un rôle important dans tous les domaines de l’industrie et du commerce Sibérien. Dans la deuxième moitié du 19ème sciècle la plupart des entrepreneurs polonais en Sibérie étaient soit des exilés ou bien leurs descendants.


  1. Tadeusz Kos ciuszko - homme politique et militaire américano-polonais, qui a participé à la guerre d'indépendance américaine et dirigé le soulèvement polonais-lituanien en 1794. C'est un héros national Polonais et Américain.

Les Décembristes

Une autre grande vague d'exilés politiques en Sibérie fut provoquée par une tentative de coup d'État à Saint-Pétersbourg en décembre 1825. Les officiers participant à cette insurrection ont été nommés les décembristes ou décabristes — de décabr, décembre en russe.

Au début du 19ème siècle l’Empire russe avait beaucoup d'ennemies et notamment des sociétés secrètes dont les membres étaient des dissidents au régime en place. Les organisateurs de l’insurrection étaient membres de "l’Union du Nord" (une société secrète) qui se trouvait à Saint-Pétersbourg. Ses leaders étaient Nikita Mouraviev – le capitaine de l’état-major général de la garde, Sergueï Troubetzkoï – le colonel du Régiment Préobrajensky ainsi que le célèbre poète Condrat Riléev. Il existait ausi une société secrète, la « Société du Midi » - fondée en Ukraine, avec a sa tête le colonel Pavel Pestel.

Ce n’est pas par hasard que le 14 décembre est été choisi comme date pour l’insurrection. Après la mort de l’empereur Alexandre I, le grand-duc Constantin refusa de succéder à Alexandre. L'armé et le sénat se préparaient à prêter serment à Nicolas, mais profitant de la situation tendue de l'interrègne, les décembristes voulurent les empêcher de prêter serment au nouveau tsar. Ils envisageaient ensuite d’entrer au Sénat et d'exiger la publication de leur manifeste. Selon leurs projets, les députés auraient dû adopter une nouvelle constitution et en cas de désaccord les décembristes avaient pour but de forcer le sénat à le faire.

C’est Sergueï Troubetzkoï qui est l’auteur du « Manifeste pour le peuple russe ». Ce manifeste déclarait l’abolition de la servilité et le renversement de l’autocratie. Cependant, il ne déterminait pas le régime que les décembristes souhaitaient établir : une république ou une monarchie constitutionnelle? Il n'était pas non plus déterminé si les paysans seraient libérés avec leur propre lot de terre. Ainsi, le « Manifeste » ne résolevait pas les principaux problèmes constatés. L’insurrection a commencé le 14 décembre à 11 heures du matin. Les décembristes ont envoyé trois régiments de la garde au Sénat de Saint-Pétersbourg, mais dès le début du renverssement tout ne s'est pas déroulé comme prévu. Un des participants de l’insurrection, A.I.Iakoubovich, chargé de la prise du palais d’Hiver et de l’arrêt de la famille tsarine, a refusé d’accomplir sa mission. Sergueï Troubetzkoï, lquant à lui n’est pas venu au Sénat ayant déjà compris que l’insurrection était vouée à l’échec. De plus, la plupart des soldats ne comprenaient pas la signification de l’insurrection. Certains criaient « Vive Constitution!» en pensant que Constitution était le prénom de la femme du grand-duc Constantin. Trois milles soldats et encore plus de gens simples étaient prêts à executer n'importe quelles missions sur ordre du chef de l'insurection. Mais le chef n’est pas venu au rendez-vous fixé place du Sénat. Le déroulement de l'insurection n'était donc pas bien organisé et c'est donc sous l’ordre de Nicolas que le feu fut ouvert sur la place du Sénat. L’insurrection fut réprimée au prix des vies d’un grand nombre de révoltés et de gens simples.

Exil en Sibérie. Tournage du filme Serko, 2005
Exil en Sibérie. Tournage du filme Serko, 2005

Les sanctions appiquées aux décembristes furent très sévères. Près de 3000 révoltés furent arrêtés. Les soldats participant à l’insurrection furent envoyés dans des compagnies disciplinaires et pour poursuivre les repraisailles contre les Décembristes, Nicolas I promut délibérément M.Speransky, investigateur principal de l'insurection, pour juger les Décembristes. Gardant à l'esprit le fait que Speransky était en relation avec des Décembristes, l'intention du Tsar était de considérer le degrés de sympathie de Speransky envers les accusés et de cette façon de mettre en evidence les relations de sympathie entre Speransky et les autres Décembristes pour ainsi prouver leurs culpabilité.

Ayant l’intention d'entrer dans les bonnes grâces du nouvel empereur, le tribunal accusa aussi un grand nombre de participants subalternes ou de personnes qui n’étaient pas mêlés à l’insurrection. Cinq participants furent pendus et 121 personnes exilées ou déportées en Sibérie. Les durées d’exil étaient variables. Certains participants à l’insurrection furent condamnés à quelques années de déportation et de travaux forcés, d’autres, comme le jeune général S.G.Volkonski, écopèrent de 20 ans de bagne avec assignation à vie au territoire Sibérien. Le chef de l’insurrection S.P. Troubetzkoï fut quant à lui condamné aux travaux forcés à perpétuité.

L’exploit le plus grand fut celui des femmes et des bien-aimées des décembristes. Malgrés toutes les souffrances et humiliations subies, 11 jeunes femmes suivirent leurs maris et bien-aimés jusqu'en Sibérie. A vrai dire , il n’y avait pas beaucoup de gens mariés parmi les décembristes, fait qui s’explique par la jeunesse relative des insurgés. Ces femmes furent privées de tous leurs privilèges, de leurs rangs et de toutes leurs fortunes. Mais la punition la plus sévère et la plus terrible fut la séparation d'avec leurs enfants - elles n’eurent pas le droit de partir avec eux en Sibérie. Ce fut la femme de Sergueï Troubetzkoï qui alla en Sibérie la première, dés le lendemain du départ du premier groupe de condamnés. La deuxième fut la femme de Sergueï Volkonski. Dans un premier temps elles n’eurent le droit de voir leurs maris que deux fois par semaine. Les princesses Mariya Volkonskaïa et Ekaterina Troubetzkaïa habitaient une petite Izba avec des fenêtres micacées et un fourneau fumant et ne mangeaient pas souvent à leur faim. Ekaterina Troubetzkaïa eut même les pieds gelés parce qu’elle cousit un chapeau pour un des camarades de son mari avec ses propres chaussettes. Après le transfert des décembristes aux travaux de l’usine Petrovski, ils reçurent la permission de réunir leurs familles. Plus tard la famille Troubetzkoï acheta une maison à Tchita où ils hébérgèrent et aidèrent les pauvres et les plus démunis.

La présence des décembristes, intellectuels russes les plus lettrés, a eu une forte influence sur le destin de la Sibérie. Chacun d’eux a laissé des traces et un bon souvenir dans l’histoire de la région. Les décembristes ont instruit les populations, ont ouvert des écoles non seulement pour les garçons mais aussi pour les filles, en dévançant par cette démarche la partie européenne de la Russie. L’activité économique, les sciences, l’agriculture, la médecine, la culture et beaucoup d’autres aspects de la vie en province d’Irkoutsk ont joui de l'influence bénéfique des décembristes.

Les décembristes sont devenus instituteurs ou docteurs pour la population Bouriate. Ils étudiaient aussi avec un grand intérêt l’histoire de la Bouriatie, décrivaient les croyances et les traditions socio-culturelles de la population autochtone. V.S.Tolstoï à Tounka, E.P.Obolenski à Tourountaïévo, les frères Küchelbecker à Bargouzine, K.Torson et les frères Bestoujev à Sélénguinsk, alphabétisaient les enfants et les adultes (les paysans russes aussi bien que les Bouriates habitant la ville) dans leurs maisons ; les frères Bestoujev leurs apprenèrent divers techniques d'arts et de métiers. N.A. Bestoujev visitait souvent les yourtes des Bouriates, chassait avec eux, participait aux fêtes et/ou aux cérémonies religieuses. Pour sa bonté, sa cordialité et son assistance désintéressée, les Bouriates appelèrent, N.A. Bestoujev Oulan Nar ce qui signifie « Soleil Rouge ».

Autour du lac Baïkal habitaient des décembristes comme Mikhail Lounine, philosophe et écrivain, Vladimir Raevski poète et civilisateur, Alexandre Mouraviev gentilhomme et gouverneur de ville , un des auteurs du journal « Rousskaïa Pravda » (La Vérité Russe). Etant un musicien parfait, il a appris plusieurs Irkoutiens à jouer du piano. Un autre décembriste Alexeï Ushnevski etait un docteur éminent dont les prescriptions étaient encore en crédit auprès des Irkoutiens plusieurs décennies après son départ d’Irkoutsk.

Quant à l’histoire d’Irkoutsk, elle est liée aux destins de deux décembristes – Sergueï Volkonski et Sergueï Troubetzkoï. Au milieu des années 1840 ils ont reçu le droit de déménager à Irkoutsk avec leurs familles. Après avoir travaillé aux mines à Nertchinsk et à l’usine Petrovski, Sergueï Volkonski a déménagé à Ourik, petite cité près d’Irkoutsk en 1837. En 1841 on lui a proposé de placer son fils et sa fille dans des établissements d’enseignement d’Etat à condition de les priver de leur nom. Volkonski a refusé de le faire.

Depuis lors Irkoutsk a été pendant 11 ans le centre de la colonie décembriste de Sibérie Orientale. Les décembristes organisaient dans leurs maisons des spectacles et des concerts avec participation des musiciens et des chanteurs de passage venus de Saint Pétersbourg, de France et d’Italie. Tout habitant d’Irkoutsk considérait comme un honeur d'être invité chez eux. Les relations, avec des gens si instruits, était pour les jeunes gens d’Irkoutsk une école supérieure de la raison, de la morale et des règles du comportement. Les maisons de Volkonski et de Troubetzkoï étaient le cœur et le centre culturel d’Irkoutsk.

Plusieurs décembristes étaient marins, ils ont été surpris par les dimensions des rivières sibériennes et du lac Baïkal. M. Küchelbecker a eu l’intention d’élaborer un projet pour unir toutes les rivières sibériennes dans un système de transport coordonnée. Nikita Mouraviev et Sergueï Troubetzkoï élaborèrent des projets très détaillés des liaisons entre les rivières. Ayant survécu à 20 ans d’enfermement, Gavriil Batenkov élabora le détail des projets de construction des réseaux de voies en Sibérie. Plusieurs secteurs du Transsibérien et du Baïkal Amour Magistral coïncident avec ses dessins graphiques.

En 1856, après 30 ans de bagne et d’exil les décembristes reçurent une amnistie qu’ils n’attendaient même plus. L’empereur Alexandre II décida de grâcier à tous les complices du 14 décembre le jour de son couronnement. Malheureusement, tous les exilés ne vécurent pas jusqu'à ce jour-là. Il n’y avait que 19 survivants sur 121 exilés en Sibérie dont seulement 16 qui revinrent dans la partie européenne de la Russie. M. Bestoujev, par exemple, resta dans sa colonie. Il entrepris un voyage sur l’Amour de 1857-1858.

En 1856 des troupes franco-britanniques débarquèrent dans le sud de la Chine en commençant une "colonisation". M. Bestoujev fut nommé l’amiral d’une flottille composée de 40 barges et radeaux dont le but était de transporter des marchandises pour afin de les amener jusqu'aux territoires près de l’Amour. Les premiers avalages, dont le premier fut réalisé par M. Bestoujev lui-même, ont été d’une grande importance. Grâce à ces avalages on a gagné la bataille pour Petropavlovsk-Kamtchatski et arrêté la progression des Britanniques à l’île de Sakhaline, au sud du Littoral et en Chine. S. Volkonski a ensuite déménagé avec sa famille dans la région de Moscou où il vécu sous la surveillance de la police. Il décéda en 1865. S.Volkonski a laissé ses « Notes » qui décrivent d’une façon détaillée les images de la guerre et de la paix, des rencontres intéressantes, des observations curieuses à propos de la vie en Russie et en Europe. En un seul mot, ses notes sont les raisonnements substantiels d’un homme intelligent, elles furent publiées par la suite par le fils de l’auteur M.S. Volkonski.

A présent les maisons de Troubetzkoï et Volkonski sont restaurées et ont été transformées en musées à Irkoutsk. Ce ne sont pas de simples musées mais des maisons qui ne cessent de jouer, comme leurs maîtres, un rôle particulier dans la vie spirituelle et culturelle de la ville. Le soir on y organise des concerts, on y allume des bougies,on y lit des traités scientifiques, et on y écoute la musique composée il y a 150 ans. Les tombes de la femme de S. Troubetzkoï et de ses enfants se trouvent sur le territoire du monastère Znamenski à Irkoutsk.

Le metteur en scène Vladimir Motyil a réalisé un film artistique qui raconte l’histoire de la vie des décembristes en Sibérie et la volonté de leurs femmes qui ont suivi leurs maris dans un exil volontaire. Ce film porte le titre « L’étoile du bonheur captivant ».

Les décembristes et les membres de leurs familles sont toujours très repectés...

Les réformes de Stolypine

Plus tard la population de la Sibérie fut augmentée par les gens déportés au résultat de la réforme de Stolypine. En 1906 Piotr Arkadiévitch Stolypine fut nommé le ministre des affaires intérieures. Il était un homme d’Etat réputé et un grand patriote. L’activité de P.A.Stolypine avait pour but de renforcer la Russie. En 1910 P.A.Stolypine entreprit un voyage en Sibérie Occidentale. Ayant compris que la Sibérie pouvait hébérger des masses de population excédentaire, il proposa un schéma de transmigration des paysans sur des terres vierges sibériennes. Pour Stolypine la Sibérie était des ressources inépuisable. Cependant, après la transmigration plusieurs paysans revinrent à leurs lots de terre initial ne supportant pas les conditions difficiles de vie et de travail dans un climat sévère.

Les Goulags

Aux temps soviétiques, la population de la Sibérie fut augmentée par les détenus et les gens exilés dans les Goulags (acronyme venant du russe Главное Управление Лагерей, Glávnoie Oupravlénïe Lageréi, « Direction principale des camps de travail » - l’organisme gérant les camps de travail forcé en Union soviétique). Dans les années 20 à 60, la Sibérie était le lieu principal des camps de redressement par le travail où l'on exilait les hommes politiques indésirables. De tels camps existaient déjà aux temps tsaristes ; ils furent employés plus tard par le gouvernement communiste. Leur population atteind des dimensions considérables vers les années 30. Selon certaines données, le point culminant de la terreur est 1938 avec déjà 2 millions de déportés. Cependant, des débats sur le nombre de personnes mortes sous l’époque de Staline ne sont pas encore terminés. Le niveau de la mortalité dans les camps a été de 5% par an, la plupart du au froid et à la fin.

La pratique de mesures punitives existait déjà avant l’élaboration de la législation punitive. La déportation des « personnalités antisoviétiques » avait commencée au début de l’année 1922 alors que le premier acte règlementaire sur la déportation par mesure administrative n’a apparu que le 10 août 1922.

On considérait le travail des détenus avant tout comme une ressource économique. On profitait du travail des gens privés de liberté pour coloniser des régions lointaines et exploiter leurs richesses. Dans les annés 30-50 les détenus du Goulag participaient à la construction de grandes installations industrielles et infrastructures de transport (canaux, centrales hydroélectriques, chemins de fer, tunnels, installations du programme nucléaire soviétique...).

Certaines villes soviétiques ont même été fondées ou construites comme des établissements du Goulag (Magadan, Vorkouta, Doubna, Nakhodka). On utilisait le travail des détenus pour l’agriculture, l'industries et à la coupe de bois.

Tous les détenus du Goulag étaient divisés selon leur travail. Ceux qui travaillaient pour l’industrie de production, aux travaux de bâtiment et aux autres travaux constituaient le groupe «A». Ils représentaient un contingent de travail principal. Les détenus du groupe «B» étaient occupés de travaux au sein des camps (le personnel de service). Le jour de travail durait pendant 10-12 heures.

En 1953 on a déclaré une amnistie de masse et le nombre des détenus des camps a diminué de moitié. C’est pour cette raison que la construction de certaines infrastructures fut arrêté. On a commencé à réduire peu à peu le système des Goulag pour disparaitre définitivement en 1960.

Plus de 14 millions de condamnés sont passés par les Goulags de 1929 jusqu’à 1953. Près de 7 millions de personnes ont été envoyées dans des camps de la Sibérie. Selon les donnés du KGB (sigle du russe Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti soit le Comité pour la Sécurité de l'État) déclassifiées après la pérestroïka, le nombre total des détenus des camps a été de 510.307 personnes en 1934 et 1.727.970 personnes en 1953. Près de 1,3 millions de détenus ont été condamnés pour raison politique. Parmi les déportés il y avait, dans l’essentiel, des Russes, des Ukrainiens et des Biélorusses. En règle générale, de tels gens étaient envoyés aux camps sans aucune procédure judiciaire. De plus, on pouvait arrêter et envoyer une personne au Goulag, pour son absence fréquente et sans raison au lieu de travail, pour un larcin quelconque ou pour des blagues antigouvernementales.

Un des plus grands camps politiques de l’URSS «Ozyorni» (« de lac ») se trouvait à la région d’Irkoutsk près de la ville Taïchet. Il a été fondé en 1948 et a existé jusqu'en 1963. Les détenus de ce camp participaient à la construction du chemin de fer reliant Bratsk à Taïchet., travaillaient à la coupe du bois, à l’industrie de transformation, de livraison ...

Le camp «Ozyorni» fut connu pour son austérité parmi tous les autres camps de l’époque de Staline. Cependant, son histoire n’est pas encore bien connu car presque tous les documents et archives sont encore restés secret jusqu'a récament. Il y avait près de 40 milles détenus dans le camp. Il y avait 6 établissements de ce type en Russie. Le camp «Ozyorni» gardait des détenus politiques de Norilsk, Krasnoïarsk, Magadan.

Ce lieu fut choisi spécialement : il y faisait humide toute l’année et le temps était toujours mauvais. Tous les détenus avaient des refroidissements et le visages toujours gelé par les vents terribles. Les conditions climatiques détérioraient très vite des vêtements et des chaussures. Les détenus de ce camp ont participés à la construction du Baïkal Amour Magistral dans les années 30-50 du 20 sciècle.

En une période très courte le camp «Ozyorni» est devenu un camp exemplaire parce qu’il n’y avait là que des gens instruits. En cas de maladies les détenus suivaient un traitement à l’hôpital central du district à Taïchet où les docteurs etaient des médecins proéminents et eux-même des détenus du camp. Un musée de médecine fut créé. Les objets qui y furent exposés étaient des bras conservés dans l’alcool, des viscères humaines et même un embryon après la fausse couche chez une des détenues. Le musée n'existe plus aujourd'hui, et personne ne sait quant il fut réellement détruit.

Un cercle des amateurs de la poésie et de la prose fut créé à un des points du camp. Les détenus y lisaient des œuvres de Nabokov et d’autres auteurs défendus. certains "criminels" d’autres camps aspiraient à se trouver dans ce camp. Pour cela organisaient des cercles politiques fictifs afin d’être condamnés pour des raisons politiques et envoyés au camp «Ozyorni». Une des raisons de la popularité de ce camps était l'alimentation spéciale et renforcée qui y était servit. Les détenus recevaient de la nourriture selon la quantité des colories et pas selon le poids. Par exemple, on leur donnait souvent du poisson cartilagineux riche en calories.

La dernière décennie vu agmenter son intérêt au triste rôle des Goulags dans l’histoire de la Russie. Il y a beaucoup de témoignages de répression du temps des soviétiques en Sibérie, comme par exemple, les vieilles baraques des camps. De plus, la plupart des chemins de fer de Sibérie ont été construits par les détenus des Goulags.

Synthèse et traduction par © Pavel Ageychenko Photos : © Pavel Ageychenko
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