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Peuples de Sibérie

Les Kourykanes

Parmi les nombreuses tribus de Sibérie Orientale du premier millénaire apr. J.-C., le peuple Kourykane se distingue par son niveau de culture et son influence politique. Du VIe au Xe s. il était le peuple le plus puissant et le plus important de Transbaïkalie. Les Kourykanes peuplaient les rives du Baïkal, celles de l'Angara, les régions en amont de la Lena.

Les Kourykanes s'occupaient principalement de l'élevage de betail. Ils étaient réputés pour leurs chevaux grands et puissants ainsi que les représentent plusieurs peintures rupestres. En plus des chevaux ils élevaient aussi des chèvres et des chameaux.

Les Kourykanes furent les premiers agriculteurs de Transbaïkalie. Les vestiges des grands champs cultivés sont restés marqués près de leurs campements. L'araire était le principal outil ; des chevaux ou des boeufs servaient d'attelage. Ils pratiquaient l'irrigation des champs et des espaces de fenaison. Des vestiges de leurs systèmes d'irrigation sont encore visibles, par exemple, dans la steppe de Koudinskaya et dans la vallée de la Kouda.

Les Kourykanes savaient fondre le fer pour fabriquer des armes. La fonte se préparait dans des fourneaux en pisé ou dans des fosses. On répandait le minerai dans le fourneau en couches successives saupoudrées de charbon de bois. Le métier de forgeron était largement répandu. On utilisait le fer pour fabriquer des pointes, des couteaux, des lances, des haches, des cottes de mailles et bien d'autres objets.

La cueillette jouait un grand rôle dans l'économie des Kourykanes. Ils récoltaient diverses plantes sauvages pour les consommer.

Les Kourykanes menaient un mode de vie semi-nomade et possédaient des colonies. Ils habitaient des huttes de terre. Celles-ci étaient carrées ou rondes, le sol et les murs recouverts d'écorces de bouleau, le toit d'écorces de mélèze. Ils construisaient aussi des habitations au moyen de perches dressées verticalement enduites d'argile mélangée avec de la paille. Près de ces habitations, ils aménageaient des fosses pour conserver les aliments. Les Kourykanes protégeaient également leurs villages par des remparts et des fosses.

Les Kourykanes possédaient une culture développée pour l'époque : ils connaissaient l'écriture. Des écrits en turc ancien sur des poteries, sur des os découverts dans des grottes baïkaliennes ainsi que sur les roches près de Verkholensk le prouvent. L'art chez les Kourykanes connut un grand développement que nous pouvons apprécier par les peintures Chichkinskié (en amont de la Léna), dans la vallée de Ounga et sur l'île d'Olkhone. D'après l'académicien A.P. Okladnikoff, au XIe s. un groupe de tribus mongoles s'installa dans les territoires de l'Angara, de la Léna et du nord du Baïkal. Ces immigrations mongoles fusionnèrent avec les Kourykanes et donnèrent naissance aux ancêtres des Bouriates actuels.

Les Bouriates




un bouriate

Une migration de peuples eut lieu en Sibérie entre les Xe et XIIe s. C'est à cette époque qu'apparaissent dans notre région, les ancêtres des Bouriates. Au moment de l'arrivée des Russes, les Bouriates et les Evenques constituaient la majorité de la population.

Beaucoup de tribus nomades peuplaient les rives du Baïkal. Les Bouriates se divisaient en tribus et en clans, lesquels étaient en mauvais termes les uns avec les autres. Les Bouriates s'occupaient principalement d'élevage de betail. Ils se déplacaient continuellement d'un campement à un autre, à la recherche de pâturages pour le bétail, de lieux propices à la chasse et la pêche. Ils élevaient des chevaux, des bovins, des chèvres et des brebis. Le cheval représentait la richesse principale de la famille bouriate. Il procurait la viande et le lait, servait de principal moyen de locomotion, et était plus facile à nourrir dans les pâtures tout au long de l'année. Nombre de Bouriates possédaient d'importantes hordes de chevaux.

L'élevage du bétail revêtait avait un aspect primitif. Avant l'arrivée des Russes la fenaison n'était pas pratiquée, on ne prévoyait pas de provisions de fourrage pour l'hiver.

enfant bouriate

Les Bouriates pratiquaient également l'agriculture. Ils savaient cultiver le millet, l'orge, mais en raison de déplacements incéssants ne pouvaient pas cultiver de grands champs. Par endroits, ils réutilisaient les vieux fosses des Kourykanes pour irriguer leurs plantations. Mais en somme, leur agriculture restait primitive.

Leurs activités auxiliaires se partageaient entre la chasse et la pêche. On chassait l'ours, le cerf et les animaux à fourrures (zibeline, renard, écureuil). Ils organisaient aussi des chasses collectives, auxquelles prenaient part quelques centaines de chasseurs. Ils chassaient au moyen d'arcs et les flèches et, pour les gros gibiers, utilisaient les " rogatiny ", sorte de longues perches munies à leurs extrémités de lames à doubles tranchants.

Les Bouriates apprirent des Kourykanes l'art de la forge. Ils travaillaient fort bien le fer et fabriquaient armes et ustensiles. Nombre d'entre eux excellèrent en la matière et furent par ailleurs de très bons joailliers. Des couteaux, des pièces de décoration pour les selles habilement ouvragés sont parvenus jusqu'à nous.

Parallelement se développaient des activités ménagères : Les femmes fabriquaient le feutre dont on couvrait les yourtes, travaillaient les peaux des animaux pour en faire ensuite des chaussures et des vêtements. Les hommes installaient l'ossature de la yourte, construisaient des charrettes, cousaient l' harnachement des montures et fabriquaient des armes.

un homme bouriate

Autrefois les Bouriates vivaient en tribus. A la tete de chaque tribu se tenait un prince. Le pouvoir se transmettait de génération en génération. La majorité des habitants d'une communauté étaient apparentés.

La terre était à la disposition de tous et n'était pas délimitée par les différentes familles. Mais les champs et les pâturages étaient grossièrement délimités. De même, le bétail faisait partie de la propriété privée. Un groupe de riches princes dirigeants se tenait à la tête de la tribu dont dépendaient des " knyaztsy ", princes subalternes. Les dirigeants exploitaient les pauvres. Il en résulta que vers le XVIIe s. les Bouriates évoluèrent d'un régime de communauté primitive vers celui du féodalisme.

Les Bouriates possédaient aussi des esclaves, le plus souvent des prisonniers de guerre. Mais l'esclavage se développa fort peu.

A cette époque ancienne, existait chez les Bouriates la " vengeance de sang ", et au XVIIe s. on sanctionnait par une amende " anza " toute personne tuée. Le non payement immédiat de cette amende pouvait amener à l'exécution sanglante. L'anza s'appliquait pour toutes sortes de crimes. Parfois l'affaire s'arrangeait grace à un serment prété à l'endroit sacré.

Les Evenques (ou "Evenks")

Les Evenques peuplaient la zone de la taïga qui s'étend de la rivière Irtych jusqu'à la mer d'Okhotsk, y compris les territoires de la Léna, de l'Angara et du Baïkal. Ce peuple fut le plus nombreux de Sibérie. Dans notre région, ce peuple nomade vivait dans les territoires du nord (actuels Bodaïbo, Katchougue, Kirensk...). Ils s'occupaient d'élevage du renne, de chasse et de pêche. Aux environs d'Irkoutsk vivaient des Toungoussy (appellation locale des Evenques) qui élevaient chevaux et bovins.

Evenks / Evenques

Les Evenques vivaient dans une structure sociale de clan à la tête duquel se tenaient des " Zaïssans ". Le régime du clan subissait déjà des changements : on repartissait les domaines de chasse, le butin du chasseur appartenait à la famille de celui-ci et non au clan entier comme ce fut le cas lors des chasses collectives. Au moment de l'arrivée des Russes, les Evenques éleveurs pratiquaient déjà la propriété privée du bétail, les riches se différenciaient des autres. D'autre part, les chamans jouaient un grand rôle dans la direction de clan. Avec les riches ils dirigeaient des réunions claniques considérées comme l'organe suprême de direction.

Le renne occupait une grande place dans la vie des Evenques. Il était le moyen de locomotion et de transport, la source de viande et de lait. Sa peau servait de vêtement et de revêtement des " tchouns ", habitation conique construite au moyen de perches recouvertes de peaux ou d'écorces. Les rennes ne demandaient pas de soins particuliers et se nourrissaient dans les pâtures.

Evenks / Evenques

En plus de l'élevage du renne, la chasse occupait une part importante des activités des Evenques. Ils n'avaient pas leurs pareils pour pister le gibier et tendre des pièges. Le chasseur partait au fond de la taïga et pouvait marcher sur la neige épaisse grâce à ses raquettes plusieurs jours durant, passant les nuits couché à même la neige ! Les Evenques savaient attirer le gibier à l'aide de pipeaux spéciaux. Ils pensaient que les animaux étaient animés d'une conscience ; comme ils craignaient beaucoup ces esprits, ils tentaient de les amadouer par des offrandes. En été les Evenques se consacraient à la pêche.

Ils se nourrissaient généralement de viande, de poisson et de lait. Ils préparaient des provisions de viande de renne séchée. Lors de leurs déplacements cette viande était emballée dans des " soumy ", sorte de sacs dans lesquels, par frottements, elle se transformait en poudre. On obtenait un bouillon épais en mélangeant cette poudre à de l'eau bouillante. Le sang frais ou cuit ainsi que la moelle, le coeur et le foie étaient considérés comme des mets des plus délicats. Le poisson était consommé cru ou gelé, parfois séché au soleil. Le sel et le pain étaient fort peu connus des Evenques.

Les Tofalars

Dans la partie nord des monts Saïan vit un peuple très ancien et peu nombreux, les Tofalars. Ils sont très proches des Touvintsy (population de Touva) par la morphologie et la langue. Les Tofalars ne connaissaient ni l'agriculture ni l'élevage du bétail avant l'arrivée des Russes. Ils habitaient des huttes d'herbe, s'occupaient de chasse, de pêche et de cueillette; ils s'habillaient de peaux de bêtes.

Au XIIe s. les Tofalars vivaient en clans dirigés par un " stareychina ", un chef âgé et sage. De temps en temps des réunions étaient organisées pour répartir les terrains de chasse entre familles. Cette époque vit le régime de " communaute primitive " s'étioler, ainsi que l'apparition des premiers riches et premiers pauvres. Mais l'émergence d'un système féodal se produisit moins vite que chez les Bouriates. Les Tofalars étaient chamanistes. Etre chaman pour eux n'était pas un privilège réservé exclusivement aux hommes, les femmes pouvaient également y accéder. Les chamans jouissaient d'une grande influence et en tiraient grands profits, surtout lors des traitements des malades.

En 1648, les cosaques russes construisirent un fortin, Oudinski, dans le pays des Tofalars. Dès lors les Tofalars nouèrent des relations commerciales avec les Russes auxquels ils empruntèrent les outils et les vêtements. Des Russes ils reçurent des armes, la poudre, le plomb et le pain. Aujourd'hui en Tofalarie, vivent pres de 500 Tofalars, un peuple qui malheureusement est en voie de disparaître

Synthèse et traduction par © Pavel Ageychenko Photos : © Pavel Ageychenko
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