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Conquète du Baikal

Conquète du Baikal

Beaucoup de gens ont visité le Baïkal depuis les temps reculés ou les premiers explorateurs parvinrent sur ses berges. Les immensités sibériennes ont toujours attiré les voyageurs. Les détachements militaires et les vagues d'explorateurs convoitaient les richesses de Sibérie que colportaient les rumeurs : richesses en fourrures précieuses (zibeline, castor, hérmine, loutre, renard...), en or, argent et pierres précieuses. Les fourrures de Sibérie avaient une valeur rare et étaient l'objet d'un commerce très prisé sur les marchés intérieur et extérieur. Kourbat Ivanoff a bien évalué le lac et les territoires environnants de leurs points de vue économique et stratégique. Le réseau des fortins construits en Baïkalie a longtemps garanti la défense de la population russe et locale contre les invasions des ennemis.

La première expédition russe au Baïkal fut entreprise en 1643. L'honneur du titre de premier découvreur de la Perle de la Sibérie appartient à un cosaque, Kourbat Ivanoff, dont le détachement déboucha sur la côte ouest du lac à proximité de l'île d'Olkhon. Le deuxième voyage fut l'expédition de Vassili Kolesnikoff en 1647, qui atteignit le nord du lac et fonda la forteresse en bois de Verkhneangarski. Les informations d'Ivanoff et de Kolesnikoff sur le Baïkal, leurs plans et leurs cartes enrichirent les connaissances géographiques de l'époque. Le Baïkal était visité par toutes sortes de publics : depuis des mendiants jusqu'aux plus hauts dignitaires ; des ambassadeurs et des exilés dépourvus de tous droits, comme l'archiprêtre Avvakoum, auteur du livre " La vie de l'archiprêtre Avvakoum ". Cet écrit comporte beaucoup d'inexactitudes et d'exagérations mais il est précieux car dans ce livre, l'auteur donne la première description littéraire de la nature du lac. On trouve des renseignements scientifiques authentiques au sujet du Baïkal dans les descriptions des ambassades russes en voyage pour la Chine. Pour disposer de données authentiques sur la nature et la population, l'Académie de St-Pétersbourg organisa une série d'expéditions à destination de la Sibérie.

La première expédition fut organisée sur l'ordre direct de Pierre le Grand par D.G. Messerschmidt en 1723 - 1725, mais elle apporta peu de renseignements nouveaux sur le Baïkal.

En 1772 P.S. Pallas et I.G. Géorgi, deux académiciens petersbourgeois, visitèrent le lac et tentèrent pour la première fois de donner une explication à son origine. Les descriptions de Pallas sont d'une exactitude étonnante et peuvent donc servir d'étalon de mesure pour les changements survenant dans l'économie et la vie des gens. Participant à l'expédition, le navigateur Pouchkareff fut le premier à explorer l'entièreté du lac et à dresser une carte instrumentale du Baïkal. Ce fut la première carte topographique du lac à l'echelle de 10 verstes pour un pouce (soit à peu près 1/420 000). Il décrivit également les côtes en indiquant " où et quels poissons s'y rencontrent ".

Erik Laksman contribua aussi de façon significative à l'étude de la nature du lac et à l'organisation de certaines exploitations en Transbaïkalie. Après avoir découvert des gisements de sel de Glauber et élabore un procédé rationnel de fonte du verre, il ouvrit avec ses compagnons, la première verrerie de Sibérie Orientale. Cette fabrique se trouvait dans le village de Taltsy près de Irkoutsk. Aujourd'hui peu de Russes se souviennent que les sources de la cure de Goriatchinsk furent découvertes par Laksman. Il réalisa en premier l'analyse chimique de cette eau et détermina l'usage médical que l'on pouvait espérer de ces sources. L'étude détaillée des pierres du massif de granit près du village de Koultouk (sud de Baïkal) fut dressée par lui également. Les géologues qui lui succédèrent disposaient dès lors du "Laksminarium", la liste des minéraux décrits par Laksman. Ses riches collections minéralogique, archéologique et botanique formèrent la base des expositions du Musée ethnographique régional (Irkoutsk).

Au début du XIXe s. le lac était peu visité par les scientifiques, car le gouvernement tsariste manquait de moyens financiers. Créée en 1845, la Société Géographique de Russie entreprit de grands travaux scientifiques. Le 17 novembre 1851, à Irkoutsk, fut ouverte la Section sibérienne de la Société géographique Impériale de Russie. Ainsi furent entamées des recherches systématiques sur la Sibérie et le Baïkal.

Un immense travail d'étude du Baïkal fut réalisé par les polonais, I.D. Tcherski, A.L. Tchekanovski, V.A. Godlevski, qui avaient été exilés en Sibérie pour leur participation é l'insurrection de 1863. Tchekanovski apporta une théorie sur la formation du lac, proche de celle actuellement en vigueur. Selon cette théorie, le Baïkal résulte d'un mouvement progressif de l'écorce terrestre, mouvement qui est toujours en cours. Les scientifiques B.I. Dybovski et V.A. Godlevski donnèrent une explication au changement de niveau d'eau du Baïkal. En 1869, Dybovski fit le premier repérage du niveau de l'eau. I.D. Tcherski continua le travail de 1877 à 1880. En étudiant la bande côtière il fit 14 repérages sur des rochers et consigna leur localisation sur le terrain.

B.I. Dybovski, convaincu du caractère inépuisable des ressources naturelles de la faune baïkalienne, estimait que des recherches épisodiques étaient insuffisantes et proposa de créer une station biologique permanente au Baïkal.

A la fin du XIXe siècle, grâce à la construction du Transsibérien, les recherches géologiques et géographiques bénéficièrent d'une organisation plus planifiée. C'est à ce moment que l'académicien V.A. Obroutcheff, le futur célèbre géologue et géographe, commença ses recherches au Baïkal. A l'issue de ces recherches géologiques, il fut en mesure de donner la première explication sérieuse et fondamentale sur la formation de la dépression baïkalienne, ainsi qu'une théorie argumentée sur l'apparition de la flore et de la faune baïkaliennes.

Le Baïkal fut étudié pendant plus de trois siècles mais nombreux sont les phénomènes dont la signification n'a pu être mise en lumière à ce jour. La nature originale du lac exige beaucoup de patience et de perséverance des scientifiques. Beaucoup de phénomènes intéressants qui trouvent leurs origines dans la mer Baïkal, se doivent encore d'être scientifiquement observés soit même découverts par la science. Mais les savants continuent leurs recherches sur le lac magnifique, recherches minutieuses mais toujours inachevées. A l'avenir, la nature superbe du Baïkal révélera aux savants des phénomènes inconnus à ce jour.

Synthèse et traduction par © Pavel Ageychenko
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